Narotch




Le taxi me laissa au cimetière militaire allemand qui se trouve à l’extérieur du village. Un carré délimité par des chaines concentre les croix militaires. 1200 soldats allemands y sont enterrés mais seule une partie des croix sont restées en place. Au bout de ce carré se trouve un monument en grès sur lequel se trouve l’aigle impérial en bronze, ailes déployées. Une plaque datée de juillet 1916 dédie ce monument aux soldats du XXIe Corps d’armée tombés pour la mère patrie. J’investiguai les tombes pour déterminer les régiments d’origine des victimes. Elles étaient issues principalement de régiments de chasseurs montés.
Le village de Narotch se trouve à trois kilomètres au nord du lac du même nom. L’état-major allemand de la division se trouvait là au moment où fut lancée l’offensive du lac Narotch en mars 1916. C’est pour répondre aux appels du général Joffre que le tsar Nicolas II choisit la région du lac Narotch pour faire baisser la pression à Verdun. L’armée russe concentrait à cet endroit 350.000 hommes et seulement 75.000 Allemands de la Xe Armée leur faisaient face.
Mais depuis des mois les Allemands avaient fortifié leurs positions en vue d’une offensive ennemie.
Le 18 mars 1916, les tirs d’artillerie russes débutèrent. Pendant deux jours, mille canons pilonnèrent les positions allemandes mais leurs tirs imprécis ne causèrent pas de dégâts importants. Il s'en suivit l’offensive par les fantassins. Les Russes sortirent des tranchées, avancèrent par groupes serrés sur des terrains à découvert et se firent balayer par les mitrailleuses allemandes. Le premier jour, les Russes accusèrent la perte de 15.000 hommes. En quelques jours de combat, les Russes n’arrivèrent à progresser que de quelques kilomètres sans réussir à enfoncer complètement les lignes de défense allemandes.
La tactique réussit car les Allemands cessèrent leur avancée vers Verdun et envoyèrent massivement depuis le front ouest des renforts vers le front est dans la région de Narotch. Paris était sauvé. Mais l’offensive se solda par une cuisante défaite des forces impériales russes et de lourdes pertes. Les Russes perdirent 120.000 hommes contre 20.000 aux Allemands.
Au cours des mois qui suivirent, grâce aux renforts provenant du front ouest, les Allemands reprirent tout le territoire si chèrement acquis par les Russes.
Le ciel était chargé de nuages et une pluie fine tombait. C’est chargé d’émotion que je rejoignis le village de Narotch. Je passai à côté d’une église catholique, reconnaissable à ses briques rouges, et allai trouver l’arrêt de bus au centre du village. Le manège des habitants passant à pied ou à vélo en tirant une boille de lait montée sur roue m’intrigua. Ils ne transportaient pas le produit de la traite mais revenaient de la laiterie située au bout de la rue avec du sérum de lait destiné à nourrir les cochons.
Le bus qui me ramenait, via Molodetchno, à Minsk longea sur plusieurs kilomètres le lac Narotch que le mauvais temps faisait disparaître au loin dans la brume.

voir les photos :http://remybrauneisen.free.fr/cap_est/narotch/

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