Pripiat, la maternité (9)
La maternité et la polyclinique sont comme la plupart des constructions de la ville difficilement accessibles tant la végétation s’est développée. C’est à la polyclinique que sont arrivés les pompiers irradiés lors de leur intervention à la centrale de Tchernobyl. Je me remémore le prologue de La Supplication de Svetlana Alexievitch quand la jeune femme démarre le terrible récit de la lente agonie de son mari pompier.
Le lieu est particulièrement sinistre du fait du délabrement et de l’obscurité qui y règnent. Mon souci est d’éviter les gouttes d’eau potentiellement contaminées tombant des plafonds et provenant des infiltrations. Après deux jours passés à errer dans cet environnement hostile, la peur d’une contamination grandit. Bien que passant les portiques de détection pour me rendre à la cantine de la centrale ou pour retourner le soir à Slavoutitch, je m’interroge. Est-ce que les équipements de mesure sont correctement étalonnés ? Ne les aurait-on pas réglés trop bas pour ne pas inquiéter le personnel ? Est-il raisonnable de rester ici ? Petit à petit la psychose me gagne. Si la ville est interdite c’est qu’il y a danger. La radioactivité ne se voit pas, ne se sent pas, elle est silencieuse et agit insidieusement, sournoisement pour vous ronger de l’intérieur.
L’hôpital est construit selon un schéma classique. Un long couloir central donne d’un côté et de l’autre, accès à des locaux techniques, salles d’opérations, salles d’accouchements. Quelques scialytiques ont survécu à la dévastation dans les salles d’opérations. Des tables d’examens gynécologiques se trouvent dans plusieurs pièces. Des lits métalliques laissent deviner la nursery.
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